Grant Mitchell est un leader passionné comptant plus de 30 ans d’expérience dans l’exploitation, la conception et la gestion d’installations de traitement dans les industries chimiques, pharmaceutiques, alimentaires et des boissons. Il s’est récemment rendu en Ouganda pour partager son expertise avec des professeurs d’université et des transformateurs d’oléagineux dans le cadre d’un programme parrainé par l’USAID pour accroître l’efficacité des procédés de production. Dans ces questions et réponses, Grant nous en dit plus sur le programme et formule ses conseils à l’intention des professionnels qui cherchent leurs propres occasions d’avoir un impact.

01/03

Pouvez-vous nous parler de votre récent voyage en Ouganda ?

Ce fut une expérience vraiment inspirante. Le programme a été parrainé par l’USAID et s’inscrit dans une collaboration entre l’American Oil Chemist’s Society (AOCS), Cultivating New Frontiers in Agriculture (CNFA), le Soybean Innovation Lab (SIL), l’Université Makerere et le National Agriculture Research Laboratory (NARL) de l’Ouganda. Cinq d’entre nous sont partis des États-Unis pour aller former 22 professeurs de l’Université Makerere et des transformateurs de cinq pays d’Afrique sur la façon d’optimiser le traitement des huiles comestibles. Notre principal objectif était de montrer au groupe comment il est possible d’extraire des quantités plus importantes d’huile et d’augmenter la teneur en protéines dans le sous-produit, et de les former pour qu’ils transmettent ces connaissances à d’autres personnes de l’industrie. L’engagement et le désir de transmettre ces pratiques exemplaires aux transformateurs de leur région étaient tout simplement incroyables.

Quel impact ce partenariat a-t-il eu sur la région ; sur les transformateurs et les personnes qui vivent en Afrique subsaharienne ?

L’industrie des oléagineux est extrêmement importante pour la socioéconomie de l’Afrique subsaharienne. Le soja, plus particulièrement, est utilisé comme source essentielle de protéines dans les repas et est un ingrédient important dans les aliments pour animaux. La pauvreté et les niveaux nutritionnels des enfants constituent un défi majeur dans toute la région, et cela est une voie importante pour apporter des améliorations dans ces deux volets. D’un côté, les graines ont les huiles, les graisses et les protéines dont le corps humain a besoin – des omégas-3, des omégas-6 et d’autres nutriments essentiels au développement du cerveau et des muscles. De l’autre côté, avec l’augmentation de la demande mondiale de soja, il existe un grand potentiel économique pour les producteurs et les transformateurs dans toute la région. C’est un double avantage. Prenez quelque chose de simple comme des morceaux de soja, un sous-produit du processus d’extraction de l’huile de soja. Les transformateurs texturisent le soja pour en faire des barres que les enfants mangent à l’école. Ils sont constitués à 40 % de protéines et sont une source alimentaire très bon marché. Grâce à cette initiative, nous aidons les transformateurs à optimiser leurs installations pour obtenir plus d’huile et de protéines, ce qui augmente le rendement et, ultimement, les quantités de graines qu’ils achètent auprès des producteurs. Nous mettons de l’avant des pratiques de l’industrie qui sont monnaie courante aux États-Unis pour aider à nourrir l’Afrique.

Quels sont les impacts durables de ce programme ?

L’établissement de pratiques qui génère des procédés plus efficaces et plus efficients a un effet d’entraînement à travers la chaîne de valeur, des producteurs aux transformateurs et aux consommateurs, et aura de surcroît un impact à plus long terme sur le monde. La croissance démographique fait grimper la demande de ces huiles. Le soya, le tournesol, le colza et d’autres sont utilisés pour l’alimentation et aussi dans les carburants renouvelables pour le diesel. On estime que la population mondiale dépassera 10 milliards de personnes d’ici 2050 et pour soutenir une population de cette taille, nous devons doubler la quantité de protéines disponibles. La région de l’Afrique subsaharienne est en voie de devenir une source critique.

Lors de ce voyage, vous avez représenté Salas O’Brien avec l’American Oil and Chemist Society, dont vous êtes président. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette organisation et ce qu’elle représente pour vous sur le plan professionnel ?

L’AOCS est une organisation technique qui a des racines profondes dans le traitement des oléagineux, auprès de l’industrie et du milieu universitaire. L’objectif est vraiment de jeter des ponts entre l’innovation et la technologie dans l’espace industriel. Je fais partie de l’organisation depuis près de 35 ans. J’ai d’abord été un transformateur de l’industrie, puis je suis passé du côté des services-conseils. Cela m’a permis de maintenir des relations et de développer des liens dans l’ensemble de l’industrie qui m’ont permis d’étoffer mon réseau. Le fait de diriger les animateurs lors de ce voyage par l’entremise de l’AOCS était formidable. J’ai enrichi ma perspective de l’industrie au-delà de l’Amérique du Nord et établi des relations avec des personnes ayant des expériences très différentes, qui voient toutes la possibilité de faire une différence pour leurs communautés.

Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux leaders qui aspirent à avoir un impact similaire dans le monde ?

Je pense souvent aux sept habitudes de Stephen Covey, appelées en anglais The 7 Habits of Highly Effective People®. Cette expérience en Ouganda est l’incarnation de la deuxième habitude, « sachez dès le départ où vous voulez aller ». Ultimement, mon but est d’avoir un impact positif sur les gens, et quand j’ai entendu parler du programme, j’ai immédiatement pensé « oh, je peux avoir un impact sur la vie des gens en Afrique ». Envisagez l’impact que vous voulez avoir, et vous trouverez des moyens de le vivre dans votre quotidien. Si nous nous impliquons tous d’une certaine manière, même à petite échelle, nous changerons le monde. Lorsque vous multipliez notre impact individuel par 100 ou 1000, l’impact exponentiel est tout simplement énorme. C’est ce que nous essayons de faire en tant qu’ingénieurs professionnels, non seulement en Afrique, mais dans l’ensemble de l’industrie.